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COVID-19 et acteurs de la nuit : le témoignage de Damien RK

Chloé Cordier 25 janvier 2021
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Damien RK © Jordan Marchand 

2020 a été une année particulièrement difficile pour le monde de la nuit et l’univers de la musique en général, entre festivals annulés, boîtes de nuit fermées et DJ mis de côté. Damien RK nous raconte son parcours, sa passion pour la musique mais aussi la manière dont il a vécu le confinement.

Salut Damien, peux-tu te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Damien, j’ai 38 ans, je suis marié et j’ai 2 enfants de 14 et 17 ans. Je suis DJ et producteur depuis 20 ans maintenant. 

Quels ont été tes premiers pas dans la musique, et quelles sont tes motivations ?

Depuis mon adolescence j’ai toujours été admiratif du métier de l’animation et du Djing.
J’ai commencé par des anniversaires de copains, j’ai goûté à l’animation dans un camping puis à l’âge de sortir en club, j’ai pu rencontrer et me lier d’amitié avec l’équipe d’une petite discothèque en Auvergne. Son DJ résident me laissait de temps en temps les platines, puis ses remplacements ; aujourd’hui il est devenu un membre de ma famille à part entière. Dans ce club j’ai commencé au vestiaire en passant ensuite par le bar. Le jour où le résident est parti j’ai pris sa place, et tout s’est enchaîné. J’ai ensuite pris la résidence du club dans lequel je me suis révélé, Le Moulin : c’est là où j’ai pris conscience de qui j’étais et de ce que je voulais vraiment. Son gérant et l’équipe m’ont fait grandir en me laissant m’exprimer, en me suivant dans mes délires tout en me guidant. Jamais je n’oublierai cette période de ma vie. Ce serait long de tout expliquer mais voici mes débuts. Mes motivations ont toujours été d’apporter et de faire découvrir de nouvelles choses, mais aussi principalement de fédérer et de réunir les gens.

As-tu toujours été tourné vers l’univers de l’electro/hard ? Qu’est ce que cela représente pour toi ?

Musicalement j’ai touché à tout, je me suis cultivé dans tous les genres, mais il est vrai que j’ai toujours aimé ce qui était puissant. La hardmusic est arrivée avec les compiles emblématiques de Thunderdome. Aujourd’hui la hardmusic représente tout pour moi, les émotions qu’elle procure, sa puissance, sa créativité et son état d’esprit. Elle m’a permis d’être ce que je suis. 

Pourquoi ce choix de ne pas produire directement de la musique ? 

Aujourd’hui j’ai mon 3e titre qui est sorti le 30 décembre. Pendant toute la période où je ne produisais pas j’apprenais. J’avais juste d’autres priorités, la hardmusic en France était presque inconnue aux yeux du grand public, beaucoup de titres à jouer et à faire découvrir sans forcément avoir besoin de composer la mienne. Il fallait que j’essaye de rendre ce style entre guillemet “politiquement correct” en essayant de l’emmener dans les endroits où jamais ce style n’avait été abordé et je suis assez content du résultat. J’ai déjà composé un peu sous un autre nom, que je garde secret. 

Comment vis-tu la période Covid-19 ? 

J’ai clairement très mal vécu le début de cette crise, j’ai beaucoup sacrifié pour vivre de de ce métier, jamais je ne me suis arrêté pendant plus d’un weekend depuis 20 ans…
Il fallait que je garde contact avec mon public, mes amis de la nuit donc je me suis lancé sur les livestreams. J’ai commencé sur Facebook et ce n’était pas concluant avec les coupures intempestives pour les droits d’auteurs, et je trouvais les gens qui regardaient très distants, comme s’ils zappaient une chaine de TV.
J’ai donc fait le choix de me lancer sur la plateforme Twitch, et là une belle histoire a commencé : plus d’interactions, la possibilité de personnaliser ma chaine à 100% et surtout ceux qui ont pris le temps de rejoindre cette plateforme sont ceux qui me suivent de près car il fallait 5 minutes pour créer un compte. Depuis j’ai rencontré plein de nouvelles personnes de tous les pays grâce à Twitch, mais surtout j’ai la chance d’avoir une proximité inestimable avec cette petite famille connectée. J’ai eu l’opportunité de faire une soirée dans un club (en configuration bar de nuit), la moitié de mes followers Twitch m’ont tous fait la surprise de venir, c’était comme s’ils se connaissaient depuis toujours, c’était un moment unique et inoubliable.
Cette période m’aura permis une totale remise en question, elle m’a aussi rapproché de ma famille et de me rendre compte de beaucoup de choses. J’ai perdu mon papa en août donc il a fallut que je reste fort mais tout est possible quand on est bien entouré. 

Qui sont les DJs qui t’inspirent réellement ? Quel serait ton booking de rêve en terme de festival ou de collaboration ? 

Tous les DJs m’inspirent car avant d’être DJ je suis un fan. Je ne pourrais pas passer à coté de citer David Guetta qui a une carrière exemplaire. Dans la scène hard, Brennan Heart, Ran-D, Coone, enfin presque tous ! En France j’aime beaucoup Maissouille pour sa simplicité, son humilité et son talent. Xense, Devotion, Fury et j’en passe ; il y a du beau monde dans cette scène française !
Mon booking de rêve je l’ai déjà réalisé c’était l’EMF et L’Electrik Park de Paris donc aujourd’hui je verrais bien où ça me mène. Je n’ai jamais eu comme objectif de jouer dans les Festivals NL, si l’occasion se présente ce serait complètement fou mais ça ne m’obsède pas plus que ça.

Toi qui est baigné dans cet univers, on voit très souvent des hommes aux platines ; que penses-tu de la place de la femme dans la hardmusic ? 

Aux Pays-Bas cela fait un moment que les femmes sont arrivées aux platines. Je ne vois pas de différence faite entre hommes et femmes sur ce sujet. Je trouve que ça ajoute une certaine classe et de la douceur à ce style. 

Tu as construit une belle communauté sur les réseaux sociaux, quels sont les mots d’ordre pour être un bon DJ selon toi ? 

Oui, j’ai la chance d’avoir une belle petite famille sur mes réseaux, je dis le mot “famille” parce que j’en prends soin comme tel ! Pour moi être un bon DJ c’est avant tout être reconnaissant de ce que nous offre notre public, ne pas que leur parler musique, production, matos…
Il faut aussi s’inquiéter pour eux, autant qu’ils s’inquiètent pour nous. Répondre à tout le monde, être là pour eux autant qu’ils le sont pour nous. Il faut aussi se remettre en question chaque jour, être sincère, et ne pas jouer un rôle. N’en déplaisent à d’autres qui eux ne t’apportent rien et ne le feront jamais. L’entourage aussi fait beaucoup, il faut le choisir soigneusement sans se faire avoir, j’y suis presque !
Je suis aussi formateur à l’UCPA, à l’école des DJs à Poitiers et j’explique toujours que l’humilité est la base de tout avec la crédibilité. Être cultivé, lire, savoir écrire… on se doit d’être exemplaire car notre public nous représente, mais surtout c’est lui qui nous porte vers le haut donc on a cette responsabilité sur nos épaules. Créer aussi un champ lexical et un contenu quand on prend le micro dans une prestation pour que les gens suivent plus facilement le message que tu leur apportes. 

Après la crise, quels seront tes projets en terme de Djing ? 

Après tout ça, la première chose que je ferai c’est de sortir, de retrouver mes amis de la nuit, mes amis gérants d’établissements, mes copains résidents, techniciens. Et surtout, de revoir et de réunir cette belle famille qui m’a soutenu et aidé pendant cette période. 

Quel est ton meilleur souvenir sur scène ? Un petit fun act ? 

Dur de trouver avec tout ce que j’ai vécu, je dirais récemment à l’Electrik Park, quand Joachim Garraud a vraiment tenu à annoncer mon arrivée sur scène. En même temps le Fun act, quand il a raconté devant tout le monde l’anecdote de son appel sur mon téléphone pour m’inviter à l’EPK et que je lui ai raccroché au nez en pensant que c’était une blague d’un pote !

Retrouvez toute l’actualité de Damien RK sur Facebook

Propos recueillis par Chloé Cordier

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